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Des dimanches sans voitures

Textes d'Hervé STHIOUL

Le 18 mai 2003, le peuple suisse doit se prononcer sur une série de textes de loi et de modifications constitutionnelles. Parmi ceux-ci, l'initiative populaire « pour un dimanche sans voitures par saison » a retenu toute mon attention.

L'essentiel en bref

L' « initiative des dimanches » demande qu'un dimanche par saison, la population puisse disposer librement de toutes les voies publiques, qui seront fermée au trafic motorisé. Le Conseil Fédéral édicterait les dispositions d'exécution et les dérogations nécessaires. Dans un premier temps, l'essai serait limité à quatre ans, puis le peuple et les cantons seraient appelés à se prononcer sur le maintien, pour une durée illimitée, de cette réglementation.

Si l'initiative était acceptée, l'interdiction de circuler serait générale sur le territoire national. Les quatre dimanches seraient fixés par le Conseil Fédéral. Cette interdiction serait toutefois accompagnée de dérogations, notamment pour les transports publics, les autocars et les taxis. Les personnes dépendantes de leur voiture pour cause d'infimité, pour des raisons professionnelles ou en cas d'urgence pourraient l'utiliser. La mobilité de chacun serait donc assurée.

Le texte soumis au vote

En cas d'acceptation de l'initiative, la constitution serait modifiée comme suit :

Art. 197, ch. 2 (nouveau)

2. Disposition transitoire ad. art.82 (Circulation routière)

1. Un dimanche par saison, la population peut librement disposer, de 04.00 à 24.00 heures, de toutes les places et voies publiques, routes nationales comprises, qui seront fermées au trafic motorisé privé. Les transports publics sont assurés.

2. Le Conseil fédéral fixe par voie d'ordonnance, dans un délai de neuf mois, les dispositions d'exécution et les dérogations à prévoir dans l'intérêt public.

3. Cette disposition transitoire est valable pour quatre ans à compter du premier dimanche sans voitures. Au cours de la quatrième année qui suit, le peuple et les cantons se prononcent sur le maintien, pour une durée illimitée, des al. 1 et 2 dans la Constitution sous la forme d'un art, 82a.

Commentaire

Rappelons-nous l'automne 1973. En raison de la première crise pétrolière, le Conseil Fédéral avait interdit la circulation motorisée durant trois dimanches. Durant ces trois journées, les Suisses s'étaient réappropriés le pays : ballades à vélo ou à pied, terrasses et buvettes installées dans les rues, jeux d'enfants en pleine ville... Nombreux sont ceux qui se souviennent de ces journées.

Les opposants à ce projet critiquent une entrave à la liberté et à la mobilité, ainsi qu'une mise en danger du tourisme. Le danger lié à la circulation des transports publics et des autorisations spéciales est aussi évoqué. Comme je vais le montrer, ces arguments ne sont pas valables.

• Entrave à la liberté (?)

Est-ce que la liberté réside uniquement dans le fait de pouvoir circuler sur la route ? Il y en a bien d'autres, qui elles sont mises à mal toute l'année par les nuisances de la circulation : droit au silence, droit à la promenade, droit de boire un verre sur une terrasse en face d'un bel édifice d'une ville, etc... Est-ce que quatre dimanches par an on ne pourrait pas retrouver une joie de vivre dans la simplicité ?

• Entrave à la mobilité (?)

La Suisse est un pays merveilleux, où pratiquement tous les villages sont desservis par un train, un bus ou parfois même un téléphérique ! Je me suis longuement passé de véhicule dans ma jeunesse, ce qui ne m'a jamais empêché d'aller faire de nombreuses randonnées en montagne, régions périphérique par excellence. L'argument serait valable dans d'autres pays, il ne tient pas pour la Suisse. Des services spéciaux, y compris par taxis collectifs, pourraient être organisés pour les cas difficiles.

Les personnes dépendantes de leur véhicule pour cause d'infirmité ou pour raisons professionnelles obtiendraient des dérogations.

La mobilité de tous serait ainsi garantie.

• Entrave au tourisme (?)

Bien sûr que non, et bien au contraire. Comme je l'ai expliqué, la mobilité peut être assurée par les transports publics. D'autre part, la tranquillité obtenue par l'absence de trafic motorisé serait un attrait nouveau pour de nombreuses régions du pays. Je suis sûr que de nombreux étrangers viendraient spécialement en Suisse durant ces périodes pour y goûter le calme. Tout au plus, il y aurait un transfert de l'activité touristique d'une région à l'autre. Les plus inventifs y gagnerait à coup sûr !

• Danger de la circulation résiduelle (?)

Les transports publics et quelques véhicules privés dotés d'autorisation circuleront. La rue ne sera donc pas totalement libérée. C'était déjà le cas en 1973 et il n'y avait pas eu de nombreux accidents.

Les transports publics sont conduits par des professionnels qui respecteront les consignes de prudence. Les quelques privés (privilégiés) feront bien de faire de même s'ils veulent continuer de bénéficier de leur autorisation. Au fait, combien de morts et de blessés y a-t-il en moyenne le dimanche sur les routes suisses ? Cette initiative devrait plutôt économiser des vies qu'en détruire. On en saura plus dans quatre ans après la période transitoire...


En raison de ce qui précède,
j'encourage tous mes concitoyens
à accepter massivement cette initiative.

Votez OUI à l'initiative des dimanches


Aux citoyens français et des autres pays :
Demandez donc à votre gouvernement une loi similaire,
c'est si beau la tranquillité !!!!....


Résultats

18 mai 2003 : Les résultats du vote sont connus : nous n'aurons pas nos dimanches de tranquilité.

Le résultat est néanmoins honorable avec 37.5 % de votes positifs.

Lisez tous les résultats ici : Résultats de la votation par cantons


Photos de Hervé Sthioul (merci de me demander l'autorisation avant de les copier)
Pour tout renseignements supplémentaires :

© Hervé Sthioul 08.10.2008
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